L’Edito du Rezo
Du Sénat à l’oubli : le dernier baroud inutile d’Edgard Leblanc sur la scène internationale. À Addis-Abeba, il tente de projeter une visibilité diplomatique, mais l’absence de tout bilan au sein du CPT le réduit à une fonction purement symbolique. Déjà relégué aux marges de l’histoire, il restera associé à la faute politique d’avoir, en tant qu’ancien parlementaire, cautionné un projet de référendum constitutionnel expressément prohibé par la Constitution de 1987. Cette position, contraire au principe de la hiérarchie des normes, entache durablement sa crédibilité et le place dans la mémoire collective comme une figure d’effacement. Son absence comme sa présence dans le pays ne produisent désormais aucun effet politique significatif.
La participation annoncée du conseiller-président Edgard Leblanc Fils au Sommet CARICOM–Union africaine, telle que communiquée par le Palais national, s’inscrit dans une logique désormais routinière : celle d’une diplomatie de représentation qui privilégie la mise en scène extérieure au détriment d’un engagement substantiel sur les urgences nationales.echercher une visibilité extérieure au moment où la transition demeure incapable de produire des résultats tangibles à l’intérieur. La Présidence communique sur l’arrivée d’un représentant en Éthiopie, mais ne dit rien des conditions de son départ, alors même que la Federal Aviation Administration a repoussé à mars 2026 l’éventuelle reprise des vols américains vers Port-au-Prince.
Tandis que les citoyens haïtiens demeurent immobilisés par l’insécurité et l’isolement aérien, leurs dirigeants s’affichent à l’étranger dans des forums dont l’utilité pour le pays reste incertaine et sans effet tangible. Bientôt viendra le tour de Laurent Saint-Cyr d’aller parader à New York, puis de se présenter à la tribune des Nations unies pour vanter le « bilan » invisible du CPT dans la lutte contre une insécurité programmée, tout en cherchant à légitimer l’occupation voilée du territoire national. Il ne manquera pas d’affirmer qu’Haïti demeure un pays « souverain », alors que, lui et Alix Didier Fils-Aimé, annoncent des élections prétendument « libres, sincères et honnêtes », destinées moins à convaincre qu’à amuser la galerie.
L’ingénieur Edgard Leblanc traîne un passé politique marqué par l’échec, en particulier au sein de ce CPT né ex nihilo, dont le bilan est nettement négatif, mais exemplaire du point de vue de l’opacité. En 2016, sa désignation comme Premier ministre s’était soldée par une impasse, révélant son incapacité à susciter un consensus. Ses proximités avec le régime PHTK, largement dénoncé pour corruption, collusion avec les gangs et dérive autoritaire, continuent de jeter une ombre sur sa crédibilité. Celui qui fut président du Sénat n’a pas su transformer son expérience parlementaire en un leadership national. Aujourd’hui, sa carrière s’achève dans l’effacement, ramenée à une fonction transitoire contestée et sans légitimité populaire.
Depuis sa nomination à la coordination du Conseil présidentiel de transition, Leblanc n’a offert ni réforme électorale, ni cadre institutionnel solide, ni perspective de gouvernance claire. Son rôle est demeuré invisible, perçu comme celui d’un fonctionnaire administratif obéissant aux ordres d’un supérieur plus que d’un acteur porteur de vision. Cette absence d’initiatives le rend inexistant aux yeux des citoyens, et son mandat s’apparente à une gestion routinière qui prépare davantage sa retraite qu’un avenir collectif.
Sous l’angle juridique, la fragilité de la transition accentue l’inutilité de ses déplacements. Le Conseil présidentiel de transition, structure extraconstitutionnelle, ne repose ni sur un mandat électoral ni sur une base parlementaire. Ses engagements internationaux risquent de manquer de valeur contraignante après l’échéance fixée au 7 février 2026 san pale anpil. Cette fiction institutionnelle, reconnue uniquement par des instances extérieures, ne possède pas la légitimité pour engager durablement Haïti. En ce sens, les initiatives de ses représentants ne constituent pas des actes fondateurs de souveraineté, mais des gestes formels sans véritable poids juridique.
Du Sénat à l’oubli : le dernier baroud inutile d’Edgard Leblanc sur la scène internationale. Ce voyage à Addis-Abeba n’est rien d’autre qu’une ultime mise en scène, visant à sauver une image diplomatique alors que le pays s’enfonce dans la tourmente. Ancien président du Sénat et coordonnateur invisible du CPT, Leblanc s’est réduit à un figurant déjà relégué aux marges de l’histoire. Loin d’ouvrir des perspectives, il scelle sa carrière dans l’insignifiance et symbolise l’échec d’une transition incapable de rendre au peuple haïtien la souveraineté qu’on lui a confisquée. Si ce Sommet d’Addis-Abbeba ouvre une voie vers la guérison et l’action collective, mais la question demeure : Haïti, jadis phare de la révolution noire, peut-elle encore s’affirmer alors que son destin est confié à neuf dirigeants sans légitimité, occupés à effacer la Constitution ?

The post Le dernier baroud inutile de Leblanc à Addis-Abeba, et bientôt Saint-Cyr à New York pour vanter le “bilan” invisible du CPT first appeared on Rezo Nòdwès.
Via Rezonodwes
Read original article
Comments (0)
Add a Comment
No comments yet