Le Canada perd son statut de pays ayant éliminé la rougeole

Le Canada fait face à une résurgence de la rougeole après plus d’un an de transmission continue

Après plus de 25 ans sans transmission endémique, le Canada a officiellement perdu son statut de pays ayant éliminé la rougeole. L’annonce a été confirmée par l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) et relayée par l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS) le 10 novembre 2025.

Cette décision fait suite à une chaîne de transmission continue de plus de 12 mois, observée dans plusieurs provinces, notamment en Ontario, en Alberta et au Québec, dépassant ainsi la période maximale autorisée pour conserver le statut d’élimination selon les critères de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Le Canada avait obtenu le statut d’élimination de la rougeole en 1998, à la suite d’une campagne de vaccination massive qui avait éradiqué la transmission endémique. Ce succès faisait du pays l’un des leaders mondiaux dans la lutte contre les maladies infectieuses évitables par la vaccination.

Mais depuis 2024, la rougeole a refait surface. Plusieurs éclosions locales ont été recensées, d’abord à partir de cas importés d’Europe et des États-Unis, puis entretenues par une baisse progressive de la couverture vaccinale dans certaines communautés. Selon les autorités de santé publique, plus de 1 500 cas confirmés ont été recensés depuis janvier 2024, un chiffre jamais atteint depuis deux décennies.

Les experts de l’ASPC pointent une diminution inquiétante des taux de vaccination chez les jeunes enfants. Le taux de couverture du vaccin ROR (rougeole-oreillons-rubéole) se situe actuellement autour de 84 %, alors qu’un seuil de 95 % est nécessaire pour maintenir l’immunité collective.

« C’est une sonnette d’alarme pour le pays », a déclaré la Dre Theresa Tam, administratrice en chef de la santé publique du Canada. « Nous avions éliminé la rougeole il y a plus de 25 ans, mais la complaisance vaccinale, combinée à la désinformation en ligne, nous ramène en arrière. »

L’Ontario, le Québec et l’Alberta figurent parmi les provinces les plus touchées, avec plusieurs centaines de cas chacune. Les autorités locales ont lancé des campagnes d’urgence de vaccination dans les écoles et les cliniques communautaires, mais la propagation reste difficile à endiguer.

Cette perte de statut est un coup dur pour le Canada, qui était jusqu’ici cité en exemple par l’OMS.

« C’est un avertissement pour tout le continent américain », a déclaré Carissa Etienne, directrice de l’OPS. « Nous devons redoubler d’efforts pour renforcer la confiance envers la vaccination. »

Du côté du gouvernement fédéral, le ministre de la Santé a annoncé la mise en place d’un plan national de rattrapage vaccinal, ciblant particulièrement les enfants et les jeunes adultes. Des campagnes d’information devraient être déployées d’ici la fin de l’année pour combattre la désinformation antivaccin sur les réseaux sociaux.

La résurgence de la rougeole au Canada s’inscrit dans une tendance régionale plus large. Des éclosions similaires ont été signalées aux États-Unis, au Mexique et au Brésil, mettant en péril les efforts collectifs de l’OPS pour maintenir les Amériques exemptes de la maladie.

Pour les experts en santé mondiale, cet épisode rappelle que l’élimination ne signifie pas l’éradication. Tant que des cas subsistent ailleurs dans le monde, une couverture vaccinale insuffisante suffit à raviver la maladie.

Autrefois perçue comme une maladie du passé, la rougeole refait aujourd’hui surface dans les sociétés où la confiance vaccinale s’effrite. Le Canada, pionnier en santé publique, se retrouve désormais face à un défi majeur : regagner la confiance de sa population et prouver que la solidarité vaccinale reste la meilleure arme contre les épidémies.

Sources :

Agence de la santé publique du Canada (ASPC),

Organisation panaméricaine de la santé (OPS),

Reuters, CBC News,

Radio-Canada,

OMS.

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