De l’altération temporaire de la mémoire de travail à la baisse durable du QI, les recherches soulignent des effets préoccupants, particulièrement chez les jeunes consommateurs.
Le débat sur le cannabis ne cesse d’agiter la société, entre discours de banalisation et alertes sur ses dangers. Sur les réseaux sociaux, un message revient avec insistance : « Fumer du cannabis fait perdre la mémoire. » Au-delà du slogan, que disent réellement les travaux scientifiques sur les effets de cette substance sur nos capacités cognitives ?
Les premiers effets du cannabis sur la mémoire apparaissent rapidement après consommation. Les chercheurs parlent d’atteinte à la mémoire de travail, c’est-à-dire la mémoire à court terme qui nous permet de réfléchir, lire, écrire ou résoudre des problèmes.
Cette perturbation provient de l’action du THC (tétrahydrocannabinol), principal composant psychoactif du cannabis, sur l’hippocampe, une région clé du cerveau pour l’apprentissage et la mémorisation. Les études montrent que le THC désorganise les oscillations électriques cérébrales et inhibe la libération d’acétylcholine, un neurotransmetteur essentiel. Résultat : une baisse de concentration et des difficultés à retenir des informations, même simples.
Au-delà des effets immédiats, la consommation régulière de cannabis peut entraîner des conséquences persistantes. Une étude longitudinale suisse a mis en évidence que les usagers réguliers perdent, en moyenne, un mot supplémentaire dans des tests de mémoire verbale tous les cinq ans de consommation.
D’autres travaux vont plus loin, en associant l’usage précoce et fréquent de cannabis à une diminution du quotient intellectuel (QI). Chez les personnes ayant commencé à fumer dès l’adolescence, cette baisse peut atteindre 6 à 8 points, une perte significative sur le plan cognitif et académique.
Les scientifiques s’accordent sur un constat : l’adolescence constitue une période de grande vulnérabilité. Le cerveau n’achève sa maturation qu’au début de l’âge adulte, ce qui le rend plus sensible aux substances psychoactives.
Ainsi, l’usage régulier de cannabis dès le plus jeune âge est lié à des troubles cognitifs plus sévères et parfois irréversibles. Les altérations concernent notamment la mémoire verbale, la vitesse de traitement de l’information et les capacités de raisonnement.
Il existe cependant une note d’optimisme. Certaines altérations, en particulier celles touchant la mémoire de travail à court terme, peuvent s’atténuer après l’arrêt de la consommation. Plusieurs études indiquent que les usagers occasionnels ou ayant cessé de fumer retrouvent progressivement leurs capacités cognitives.
En revanche, les dommages subis par ceux qui ont commencé très jeunes semblent plus résistants. Même après plusieurs années d’abstinence, certains déficits persistent, laissant entrevoir des séquelles cognitives durables.
En définitive, le message relayé sur les réseaux sociaux trouve un solide appui dans les recherches scientifiques : oui, le cannabis peut altérer la mémoire, parfois de manière durable.
Si les effets immédiats concernent surtout la mémoire de travail, les conséquences à long terme, notamment chez les jeunes, méritent une attention particulière. Les pertes en mémoire verbale et la baisse du QI associées à une consommation précoce soulignent l’importance de renforcer la prévention et l’information auprès des adolescents et des familles.
recherches combinées

À lire aussi:
Via Juno 7
Read original article
Comments (0)
Add a Comment
No comments yet