Malgré un départ hésitant, la sélection haïtienne démontre qu’elle possède les ressources pour transformer ses promesses en succès dans la course au Mondial 2026.
Deux matchs, deux nuls, deux points. Voilà le bilan brut des Grenadiers après leurs deux premières sorties dans la dernière phase des éliminatoires de la Coupe du monde 2026 zone Concacaf. Un bilan qui, vu de loin, pourrait paraître timide. Mais à y regarder de plus près, il révèle une équipe en pleine construction, capable de s’élever au niveau de ses adversaires directs, tout en laissant entrevoir un potentiel encore inexploité.
Face au Honduras, Haïti avait déjà montré un visage séduisant. La sélection dominait le jeu, se créait les occasions, mais péchait dans la finition. Ce 0-0, loin d’être stérile, avait le mérite d’annoncer une sélection disciplinée et organisée, prête à rivaliser avec des équipes du haut du tableau de la zone Concacaf.
C’est au Costa Rica, le mardi 9 septembre 2025, que le véritable caractère des Grenadiers s’est révélé. Menée 2-0 à la mi-temps, l’équipe aurait pu s’effondrer, comme on l’a trop souvent vu dans le passé. Au contraire, elle a trouvé les ressources mentales pour revenir dans la partie grâce à un homme : Duckens Nazon. Critiqué ces derniers mois, l’attaquant a répondu par un triplé retentissant, rappelant à tous son statut de leader offensif.
Mais l’histoire s’est écrite avec une touche de cruauté : une égalisation concédée dans les dernières minutes a réduit l’exploit à un simple partage des points (3-3). Un résultat frustrant, certes, mais porteur d’un message clair : cette équipe a du caractère, de la qualité, et elle peut faire vaciller n’importe quel adversaire dans cette phase.
Si Nazon a monopolisé la lumière, il serait injuste d’oublier d’autres performances marquantes. Jean Ricner Bellegarde, par exemple, a donné un nouveau souffle au milieu de terrain, confirmant l’importance d’intégrer de nouveaux talents venus de championnats compétitifs. Quant au gardien Duverger, longtemps pointé du doigt, il a rassuré malgré trois buts encaissés dont il ne pouvait guère être tenu responsable.
Ces individualités, bien utilisées, offrent à Haïti une base solide. Encore faut-il que le staff sache les intégrer dans une dynamique collective durable et qu’il continue à élargir le vivier, car la route des éliminatoires est longue et exigeante.
Entre attentes et responsabilités
Il serait naïf de se contenter d’applaudir les promesses. La sélection nationale doit transformer ces signes positifs en résultats tangibles. Les supporters, fidèles et passionnés, ne veulent plus seulement vibrer le temps d’un sursaut : ils aspirent à un projet construit, à une équipe régulière, capable de s’imposer dans les matchs-clés.
La Fédération a donc une responsabilité immense : offrir au staff les moyens de recruter et de préparer un effectif compétitif, mais aussi garantir la stabilité organisationnelle qui a tant manqué par le passé. Car oui, les Grenadiers peuvent rêver du Mondial, mais ils doivent surtout travailler pour s’en donner les moyens.
Le prochain rendez-vous, face au Nicaragua en octobre, sera bien plus qu’un simple match. Il sera un test de maturité. Haïti n’a plus le droit de laisser filer des victoires toutes faites. Ce duel doit marquer le passage des promesses à la confirmation.
Dans un contexte national difficile, où le football reste l’un des rares espaces d’unité et de joie, la qualification pour le Mondial 2026 n’est pas un luxe. Elle est une nécessité symbolique, un souffle collectif dont le peuple a désespérément besoin.

Costa Rica’s defender #05 Julio Cascante and Haiti’s midfielder #13 Duke Lacroix fight for the ball during the 2026 FIFA World Cup Concacaf qualifier football match between Costa Rica and Haiti at the National Stadium in San Jose on September 9, 2025. (Photo by Ezequiel BECERRA / AFP)
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