lire rapport FJKL Le Parquet de Port-au-Prince a libéré Nenel Cassy et annulé les poursuites contre les chefs de gang Ti-Lapli, Izo, Krisla, selon la FJKL
En mars 2021, une opération policière dans le quartier de Village-de-Dieu, fief du gang « 5 Segonn » Johnson André alias Izo, s’est soldée par une tragédie. Plusieurs agents de la Police nationale furent abattus, leurs corps abandonnés et profanés, plongeant l’État haïtien, alors sous le régime « Tèt Kale 2 », dans une crise de légitimité profonde. Ce massacre traduit la défaillance structurelle des institutions républicaines, incapables de garantir la protection juridiquement due à leurs propres forces de sécurité.
Quatre ans plus tard, le silence de la justice demeure assourdissant. Aucune enquête rigoureuse n’a abouti, aucune sanction n’a été prononcée, aucune mesure réparatrice n’a été engagée en faveur des familles des victimes. Ce vide judiciaire consacre l’impunité érigée en système de gouvernance dans une République désormais placée sous coupe réglée par les coalitions politico-criminelles. L’absence prolongée de réponse institutionnelle équivaut à une négation de la mémoire des policiers tombés, comme si leur sacrifice n’avait aucune valeur publique.
Partant, une interrogation subsiste: la mort de ces policiers a-t-elle été vaine ? Leur assassinat, loin d’avoir constitué un tournant vers l’affermissement de l’État de droit, s’est dissous dans un jeu d’intérêts tacites. Les alliances occultes entre dirigeants politiques et chefs de gangs ont scellé un pacte de non-poursuite. En protégeant les siens et leurs bienfaiteurs de toute reddition judiciaire, les autorités creusent davantage le fossé entre la force publique et l’autorité de l’État, réduisant la justice à un instrument sélectif et partial.
En août 2025, la FJKL a documenté dans un rapport accablant que le Parquet de Port-au-Prince — sous l’autorité du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) et du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé — a procédé à la libération d’une personnalité politique et à l’abandon des poursuites visant plusieurs chefs de gangs, notamment Johnson André alias Izo, responsable du massacre de Village-de-Dieu. Le texte précise que le Parquet a « libéré Nenel Cassy et annulé les poursuites contre des chefs de gangs, dont Izo 5 Segonn » (FJKL, rapport du 29 août 2025). Cet acte équivaut à une véritable amnistie de facto, en contradiction flagrante avec les principes de droit pénal, le principe de légalité des poursuites et les dispositions de la Constitution de 1987.
Ainsi, le rapport de la FJKL confirme que l’État haïtien s’est volontairement installé dans une zone grise où l’impunité se substitue au droit. L’abandon des poursuites contre Izo consacre une violation manifeste des devoirs régalien de protection et de justice, et profane une seconde fois la mémoire des policiers assassinés en 2021 : d’abord par la brutalité du gang, ensuite par le renoncement calculé des autorités.

The post Haïti | Les policiers de Village-de-Dieu sont-ils morts en vain en 2021 après l’amnistie de facto accordée à Izo ‘5 segond’ par le CPT et Fils-Aimé ? first appeared on Rezo Nòdwès.
Via Rezo Nòdwès
Read original article
Comments (0)
Add a Comment
No comments yet