Reportage spéciale
C’est une scène qui se répète de plus en plus souvent aux quatre coins du globe : un port en difficulté économique, un chantier à l’arrêt, une nation aux infrastructures vieillissantes. Puis, discrètement, la Chine arrive. Elle ne fait pas de bruit. Elle propose un financement, des ingénieurs, des grues dernier cri, et surtout, une promesse : celle d’un avenir plus connecté. En échange, Pékin devient actionnaire. Ou, mieux encore, gestionnaire.
À force de contrats bien ficelés, de prêts souples et d’accords à long terme, la Chine s’est immiscée dans les ports de plus de 60 pays, de l’Afrique à l’Europe, en passant par les Amériques. Son empreinte ne cesse de grandir. Officiellement, il s’agit de commerce. Officieusement, beaucoup y voient une stratégie d’expansion sans précédent.
À Hambantota, au Sri Lanka, la Chine a récupéré le contrôle d’un port stratégique pour 99 ans après l’incapacité du pays à rembourser sa dette. À Djibouti, elle gère une plateforme logistique à quelques kilomètres d’une base militaire américaine. À Athènes, c’est COSCO, une entreprise d’État chinoise, qui détient le port du Pirée, porte d’entrée de la Méditerranée.
Chaque acquisition, chaque gestion de terminal, chaque partenariat portuaire dessine un réseau maritime mondial : la fameuse « Route de la soie maritime », née du projet titanesque Belt and Road Initiative. Derrière l’économie, une réalité géopolitique se dessine. En sécurisant ses flux maritimes, la Chine s’arme contre les blocages, évite les zones de tension, diversifie ses accès aux ressources, et surtout… gagne du pouvoir là où elle est absente militairement.
Dans les Caraïbes, près du canal de Panama, l’ombre chinoise inquiète Washington. Des négociations autour de ports stratégiques ont poussé les États-Unis à hausser le ton. La guerre n’est pas militaire, elle est logistique. Celui qui contrôle les ports contrôle la circulation des biens. Et dans un monde dépendant du commerce maritime, les ports sont devenus les nouvelles forteresses silencieuses.
Alors, pourquoi la Chine achète-t-elle tous les ports du monde ? La réponse tient en un mot : vision. Une vision à long terme, méthodique, patiente. Une conquête sans canon, sans armée, mais avec des milliards… et une carte maritime à réécrire.
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Via Juno 7
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